Le témoignage de Thierry

Thierry a bientôt 50 ans. Il a été diagnostiqué d’un cancer de la prostate avec métastases osseuses en 2017. Impact de la maladie sur son quotidien, soutien de ses proches, parcours sportif… Entretien avec un battant, déterminé à entendre le mot "guérison".

Thierry, diagnostiqué en 2017

ANNONCE DU DIAGNOSTIC ET IMPACT DE LA MALADIE SUR LE QUOTIDIEN DE THIERRY

Au tout début, ça a vraiment été un choc violent. Ça m’a projeté sur ma fin de vie, clairement. Sur mon quotidien, ça a changé beaucoup de choses. J’étais quelqu’un de très dynamique, de très sûr de lui. Vous avez toujours le même mental, mais vous avez l’impression que votre corps ne vous appartient plus. C’est assez compliqué concernant les conséquences des métastases. Au début, ça a été des douleurs, forcément. Mais dès lors que l’hormonothérapie a été mise en place, tout de suite, les douleurs se sont tues et j’ai pu regagner en confort de vie. Aujourd’hui, c’est plus compliqué parce qu’une nouvelle pathologie issue de mon cancer est apparue. C’est ce que l’on appelle un syndrome paranéoplasique. Il génère des anticorps et malheureusement certains d’entre eux vont cibler des cellules saines. Et là, en l’occurrence, ils ont décidé de cibler mes rétines, ce qui fait qu’à l’extérieur je suis complètement photophobe. Je ne vois rien du tout, ou très peu.

FAMILLE DE THIERRY

Pour mon entourage, ça a été très violent également. Forcément, je représentais un père, un époux. Donc en général, on est celui sur lequel on peut se reposer. Le rôle de mon entourage dans mon parcours de soins a été primordial. J’ai cette chance d’avoir une belle structure familiale, des enfants supers, une épouse exemplaire, c’est ma force. En fait, c’est un moteur.

GESTION DE LA MALADIE DE THIERRY

J’ai été adressé à une oncologue formidable qui a mis tout suite en place un traitement. Dans un premier temps, une hormonothérapie, suivie et accompagnée d’une chimiothérapie. À l’issue de la chimiothérapie, on a fait évoluer le traitement hormonal, mais ça restait toujours un traitement de première ligne et on est passé sur de la radiothérapie, afin de cibler les tumeurs. Par la suite, on s’est aperçu que j’avais une tumeur osseuse au niveau d’une hanche qui se réveillait. Il y avait une crainte de récidive. Donc on a refait une séance de radiothérapie et on a mis en place un nouveau traitement en surplus du traitement en première ligne. Un nouveau traitement hormonal, qu’on appelle de deuxième ligne et qui, jusqu’à présent, donne des effets bénéfiques puisque je suis en rémission complète.

PARCOURS SPORTIF DE THIERRY

J’étais sportif, je courais beaucoup et quand j’ai fait ma chimiothérapie, je m’étais promis de faire une course sur dix kilomètres. Quand j’ai fini ma chimiothérapie, je suis parti faire des tours d’un lac qui est à proximité de chez moi. J’avais prévu de faire deux tours en courant. En fait, je me suis aperçu qu’au bout de 200 mètres, je n’avais plus de jambes et plus de souffle. Et petit à petit, avec le soutien d’amis, d’un en particulier, j’ai réussi à faire mes deux tours de lac. Ensuite, la radiothérapie est venue là un peu pour calmer mes ambitions. Mais je n’ai rien lâché et au mois de septembre j’ai pu faire mes dix kilomètres.

ET LA SUITE POUR THIERRY ?

Une rémission complète, pour beaucoup, c’est quelque chose d’extraordinaire. Pour moi en fait c’est juste une étape qui n’est pas suffisante. C’est-à-dire que je serai content quand j’entendrai le mot « guérison ». Ça me permettrait de retrouver peut-être de ma masculinité aussi, puisque je l’ai perdue avec la maladie.